karameltendre Traqueur(euse)
Messages : 240 Date d'inscription : 07/08/2012 Age : 57 Localisation : Tarn Emploi/loisirs : Mère au foyer Humeur : Bonne
| Sujet: Aux portes de la mort (Mes écrits) Mer 8 Aoû 2012 - 0:21 | |
| Aux portes de la mortIl pleut et un vent glacial souffle sur cette plaine boueuse et ensanglantée, les gémissements qu'il transporte arrivent jusqu'à moi. Je me demande alors qu'est-ce qui me fait pleurer, le froid du vent qui cingle mon visage, les plaintes de mes camarades ou la douleur de ma jambe à moitié arrachée par un obus ? Je ferme les yeux mais je sais que je ne dois surtout pas m'endormir car mon ami Julien dit Juju est parti chercher les secours. Je ne sens plus mes pieds ni mes mains, je suis gelé. Je n'entends plus rien, même le vent s'est tu, j'ai dû m'endormir, mon ami n'est toujours pas revenu. A côté de moi, c'est un vrai charnier. Je me rends compte que je n'ai plus froid, et que je ne sens plus de douleur.Mais, que se passe-t-il, suis-je mort ?
Pourtant je pense, je raisonne, je ne sais plus où j'en suis, au-dessus de moi un ciel dégagé m'offre un spectacle réjouissant, les étoiles dansent pour moi, c'est comme si j'étais parmi elles à virevolter de-ci, de-là. Je regarde encore autour de moi mais tout a changé, le champ est couvert d'une multitude de fleurs, quelqu’un s’approche de moi, mais je ne vois pas son visage. Ce calme me fait douter de mon existence.
_ Bonjour Mike, ce n’est pas ton heure, tu ne peux rester parmi nous, tu as une tâche à accomplir.
_ Julien, c’est toi ?
_ Oui, Mike c’est moi, je n’ai pas réussi, mais toi tu peux le faire.
_ C’est impossible, ma jambe………
_ Jamais rien n’est impossible, c’est juste une vision des choses que l’on a, on peut se sentir dépassé et c’est à ce moment-là que cela nous semble impossible.
_ Ta fiancée Rachel a été embauchée sur le front et si tu ne surmontes pas ta douleur, ta peur et ta fatigue, elle mourra.
Puis, Mike ouvre les yeux. A nouveau, le vent souffle, la douleur le cloue sur place. Mais, il ne veut pas perdre celle qu’il aime par-dessus tout, son seul amour, la seule personne qu’il lui reste en ce monde cruel. Il se met à ramper, sa jambe tient juste par un morceau de chair, il prend son couteau et le coupe pour se libérer de ce poids mort, puis arrache un morceau de tissus dans un abri de tranchée pour s’en faire un garrot. Dieu seul sait combien de temps il rampa pour trouver de l’aide, mais il entendit un camion rouler vers lui avant de perdre connaissance.
Il se réveilla quelques jours plus tard avec autour de lui sa famille. Ses parents, sa femme et leur petite fille de 6 mois, il venait d’avoir un accident de voiture. Sa vie était hors de danger.
_ Comment vas-tu Frédéric ?
Sur le moment, il ne comprenait pas pourquoi sa femme l’appelait ainsi. Puis, il se rappela que c’était son prénom, mais alors qui était Mike ? Il raconta son histoire à son petit cercle familial, et son père lui dit que ce qu’il venait de rêver était ce que son père avait vécu pendant la guerre, mais jamais il ne l’avait raconté à son petit-fils. Mike était le prénom du grand-père de Frédéric, et Julien était le meilleur ami de celui-ci. Frédéric leva le drap et vit que sa jambe était là avec une grande cicatrice comme si on la lui avait recousue, cela étonna la famille et les médecins car, dans l’accident, il n’avait jamais perdu sa jambe, mais personne ne pu donner une explication.
Moi je la connais, vous venez de faire un tour dans la 4ème dimension.© Marie-Pierre Gautier Charente Texte publié sur : Texte ayant participé au concours annuel de LA LAMPE DE CHEVET 2011 | |
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